La douleur, c’est comme prendre l’avion
Parfois face à la douleur, à la nôtre ou celle de nos proches, nous sommes confrontés à l’attitude des professionnels de santé.
Une petite expérience lors de mon dernier voyage me permet de vous proposer un parallèle.
🏀🏀🏀
La semaine dernière, nous étions à l'aéroport de Pau.
Arrivés plus d'une heure en avance, nous sommes détendus et heureux de partir en vacances.
Mais là, sur le panneau d'affichage, notre vol est annoncé avec du retard, sans plus de précision. Coup de stress : aura-t-on assez de temps pour la correspondance à Paris ! 😨
C'est alors le début d'un défilé d'attitudes malheureuses face à nous !
▶️ L'hôtesse à l'enregistrement des bagages est désolée mais bien trop optimiste. Sans doute dans l'idée de bien faire pour nous rassurer et éviter qu'on panique. Préfère-t-elle inconsciemment minimiser le retard pour éviter que nous exprimions notre mécontentement ou notre affolement face à elle ? Nous avions une heure initialement pour la correspondance à Paris.
"Le vol a 35 minutes de retard mais on a prévu une escale rapide, vous devriez repartir avec seulement 20 minutes de retard."
Cependant l'embarquement prend du temps et le décollage se fait quand même avec 30 minutes de retard...
▶️ Lors du vol, je cherche à obtenir plus d'infos du steward à la fois sur le temps de marche pour rejoindre le hall de notre 2e vol, mais aussi sur l'éventualité que le 2e vol nous attende pour décoller.
D'une part le steward ne répond pas à ma question sur le temps pour passer de notre hall d’arrivée à celui de notre prochain départ. Le pauvre schéma dans la brochure de la compagnie (à côté du sac à vomi) ne m'aide pas plus.
D'autre part son attitude est ambivalente. Il essaie de nous rassurer
« vous savez, vous êtes 6 personnes sur ce vol dans cette situation »,
mais d’un autre côté il n’affiche aucun optimisme quant au fait que le prochain vol nous attende.
Une fois atterri, notre avion fait (au moins) 15 fois le tour de l’aéroport en roulage, s’arrête pour laisser d’autres avions passer (un comble 😉)… Une fois notre point de stationnement atteint et la porte de l’avion ouverte, nous attendons, encore un peu plus, que les bagages cabines soient livrés au pied de l’escalier avant de pouvoir débarquer…
Vous sentez l’énervement et la pression monter là ?!? Personnellement je bous intérieurement, dégoûtée à l’idée d’avoir à passer une nuit à l’aéroport plutôt que de m’envoler pour nos vacances. Bref nous débarquons avec 45 minutes de retard sur l’horaire initial. C’est l’heure de fermeture des portes d’embarquement sur notre vol en correspondance. 😨😨
▶️ Avec deux jeunes passagers de notre vol, nous partons en courant tenter d’accéder à notre porte d’embarquement. Nous croisons alors un agent au sol avec sa pancarte pour notre vol qui nous indique la direction du hall 3. Son alternative est simple mais peu rassurante
« soit vous y allez seuls, soit vous attendez ici avec moi les autres passagers pour ce vol et je vous y conduis ».
Je lui demande si cela signifie que le vol nous attend. « Pas sûr » répond-il !
On prend le choix de la chance maximale, c’est-à-dire de continuer à courir comme des dératés pour espérer arriver à notre porte d’embarquement avant sa fermeture.
Couloirs qui tournent, escalators qui montent, lignes droites sans fin, escaliers qui descendent… et enfin le hall 3. Sur les écrans d’affichage, notre vol avec l’indication « dernier appel ». On fonce à travers les rayonnages sans fin du duty free. Et là, contrôle des passeports.
▶️ De l’autre côté des vitres toute hauteur, des agents en porte d'embarquement qui nous crient (pour nous culpabiliser !?!)
« dépêchez-vous, vous êtes les derniers ».
Je sens mon estomac remonter dans ma gorge. 😠 Un peu d’énervement, beaucoup de stress. Mais nous passons la porte d’embarquement. Je suis en partie soulagée (nous partons ce soir), un peu inquiète (nos bagages seront-ils du voyage ?), et physiquement vidée.
▶️ A bord, l’hôtesse nous accueille étonnée que nous ayons couru
« il ne fallait pas, nous aurions attendu. Nous attendons d’autres passagers en correspondance, et sur un vol long courrier nous ne sommes pas à 1/2h près ! » 😢🤪
🏀🏀🏀
Bref, j’aurais attendu une réponse honnête
« votre vol a du retard, ça va faire juste pour la correspondance »
constructive
« il se peut que le vol de correspondance vous attende, vu que vous êtes plusieurs et que c’est un vol long courrier, c’est-à-dire pas forcément à 1/2h près sur l’heure de décollage »
« mais nous ne pouvons pas nous engager pour les décideurs du vol en lui-même »
et éclairée sur comment les choses pouvaient se passer
« voilà le temps qu’il vous faut pour rejoindre le hall 2 du hall 3 »
« dans l’éventualité où nous n’assurons pas la correspondance, voilà les alternatives… »
🏀🏀🏀
Et vous pour votre prochain voyage "Douleur" comment voudriez-vous être accompagné-e ? Ou comment accompagnerez-vous ?
Certains points de cet article vous parlent ou vous touchent ? N'hésitez pas à partager vos réflexions et vos expériences en commentaire.
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Bonjour Marie,
Première métaphore que je lis sur ABC Douleur, et je la trouve bien parlante 🙂
De ma formation en hypnose, j’en ressors quelque chose de ressemblant et ne s’appuyant pas sur les mêmes informations : un message honnête, constructif, éclairé et factuel.
On peut imaginer que le steward ne connaisse pas les alternatives ou le trajet le plus court entre les halls de cet aéroport.
Le steward pourrait placer une phrase du genre « je ne peux pas m’engager pour les décideurs du vol, mais je suis là pour vous et je mets tous les moyens que j’ai pour les informer de notre retard ».
Ainsi, le voyageur peut être rassuré car il a été entendu, il a un allié et il a l’assurance que ce qui a pu être mis en place l’a été réellement.
Merci encore,
Morgan.
Nous avons tous nos prismes d’analyse.
Merci Morgan de partager le tien.