Expliquer la douleur – que retirer de ce projet collaboratif ?
Peut-être avez-vous déjà trouvé votre réponse en lisant Pourquoi s’investir dans ce projet de travail collaboratif autour de la traduction du livre Explain pain – Expliquer la douleur.
Comme certains échanges me poussent à exprimer encore plus ouvertement ma position, voici quelques réflexions supplémentaires sans filtre.
Comment choisir un critère de réussite ?
La notion de succès ou de réussite est toute relative. Tout va dépendre des critères qui sont importants pour chacun d’entre nous.
Certains par exemple voient dans l’enrichissement financier le graal ultime. D’autres chercheront plutôt l’engagement pour une cause, ou le pouvoir, ou encore à se faire plaisir en apprenant.
Les critères peuvent être des critères finaux, qui ne seront mesurables qu’en fin de projet. Souvent ces critères finaux sont aléatoires et indépendants de notre volonté.
Ça serait comme de décider que notre mariage restera heureux seulement si notre conjoint reste toujours beau et attrayant, et au passage à son poste de PDG. Ou comme de dire à un enfant que s’il travaille bien à l’école, il sera heureux dans la vie.
Ces critères de réussite sont trompeurs, pas toujours 100% faux mais souvent inadaptés.
Ou alors on peut choisir des critères de notre ressort, et évaluables au fil du projet. Seuls ces critères influençables peuvent maintenir notre énergie et notre engagement jusqu’au bout d’un projet aussi vaste.
Mes propres critères de réussite
Bref, pour ce projet de traduction du livre Explain Pain, qui nécessite courage, persistance et patience, voici mes critères de réussite qui, principalement, dépendent de moi :
- Me faire plaisir.
- Participer à aider autour de moi. Déjà parce que ce livre sera utile pour beaucoup. Mais j’espère aussi, par l’intermédiaire du projet collaboratif, que des liens se créeront et des apprentissages se feront.
- Faire de mon mieux avec les moyens et capacités dont je dispose aujourd’hui (c’est aussi parce que je perçois mes limites que je vous propose le projet collaboratif).
- Apprendre du processus, et de chacun d’entre vous.
- Réussir à sortir une version francophone qui, au mieux, plaira largement.
Des conséquences hors de mon influence
Sans être naïve, je peux aussi anticiper que ce projet aura des répercussions sur le nombre d’inscriptions aux futures formations du NOI. J’imagine aussi qu’un jour, peut-être, le pourcentage attribué par le NOI pour mon travail de traductrice viendra couvrir les centaines d’heures passées sur ce projet.
Mais si l’aspect financier était mon seul moteur, je ne serais pas là aujourd’hui. Devenir instructrice du NOI, comme pour la plupart des grands organismes de formation internationaux, se fait par un processus sur fonds propres. Ainsi depuis 2015, c’est parce que je croyais dans l’intérêt de leurs formations et de leur contenu pédagogique que j’ai investi pour devenir formatrice. C’est aussi parce que je croyais dans l’intérêt de développer une connaissance commune sur la douleur que j’ai accepté de lancer le Groupe d’Intérêt Douleur de la Société Française de Physiothérapie. Le travail fournit pendant 5 ans pour ce groupe a toujours été bénévole, et parfois même de ma poche quand il a fallu finaliser la venue d’un orateur qui nécessitait une nuit de plus que le budget alloué initialement. C’est quoi quelques centaines d’euros pour que plus de 2000 kinés entendent un orateur reconnu par l’IASP ?
Ainsi depuis près de 6 ans où je m’investis pour créer, transmettre, fédérer, écrire des métaphores, partager mes réflexions professionnelles, mon revenu a baissé en moyenne de plus de 25%.
Mais je ne me suis jamais sentie aussi vivante ni aussi riche. Je sens que j’effleure cet épanouissement lié à l’expression de mes talents propres au bénéfice des autres.
Chercher à donner avant de vouloir prendre ou récupérer
Chercher à répondre à une problématique, qui nous concerne, et offrir aux autres nos solutions
Ne pas chercher l’excès ni la démesure mais viser la pérennité et prendre le temps de construire
Vos propres critères de réussite et d’implication
Si vous savez déjà ce qui vous motive, vous pouvez rejoindre les plus de 200 participants à ce projet collaboratif !
Si malgré ma présentation ci-dessus, vous êtes à attendre plus, je vous invite à méditer sur vos propres moteurs.
Quand vous fixez vos objectifs, est-ce guidé-e par la peur (de ne pas être reconnu-e, valorisé-e, sécurisé-e, la peur de manquer, celle de ne pas avoir autant que l'autre…) ou est-ce poussé-e par la créativité et l’envie de partage.
Réclamer ou attendre est souvent la marque de personnes qui n’ont pas déjà pris conscience ni célébré l’abondance dont elles bénéficiaient et qu’elles pourraient déjà s’accorder à elle-même
Adapté de Guy Corneau