Expliquer pour comprendre la douleur !?
Comprendre la douleur, est-ce que ça passe toujours par une explication ?
Pour de nombreuses personnes douloureuses, la demande principale n’est pas de traiter cette douleur mais déjà de la comprendre. Sauf que ce terme « comprendre » n’a pas la même signification pour tous.
Comprendre vu par le spécialiste
Souvent le professionnel de santé, quel que soit son domaine de compétence, voudra expliquer la théorie derrière les mécanismes de la douleur. Cette théorie est ensuite la base de son raisonnement pour sélectionner l’approche thérapeutique.
Par exemple si on considère que la douleur est liée à :
- un défaut d’extensibilité des tissus, on proposera des étirements,
- une compression d’une structure anatomique, on proposera une technique de décompression (invasive ou non, c’est-à-dire manuelle externe ou chirurgicale par exemple),
- un ensemble de phénomènes biologiques, mais aussi comportementaux, on proposera des techniques de modification des comportements (ex : TCC, thérapie cognitivo-comportementale),
- un phénomène biologique considéré pathologique, on proposera des substances médicamenteuses qui enrayent ce processus,
- etc.
Pour le professionnel de santé, expliquer cette théorie semble nécessaire et suffisant pour répondre à la demande du patient.
Mais est-ce toujours nécessaire ? Et est-ce suffisant pour la personne douloureuse ?
Comprendre vu par l’intéressé-ée
La perception de la théorie
Souvent la personne douloureuse est en attente d’autre chose. C’est bien gentil de comprendre le mécanisme sous-jacent qui explique la douleur et qui, parfois, permet de cibler une thérapeutique de traitement. Cependant ça n’explique pas pourquoi elle est là cette douleur !
Parfois même on n’a pas envie de comprendre la théorie, mais juste d’aller mieux. On n’a pas toujours l’énergie d’assimiler toutes ces données compliquées qui nous embrouillent encore plus, d’autant plus quand on ne les a pas demandées.
Et puis souvent le raisonnement ne fonctionne qu’à moitié, et parfois la douleur revient en crise, par périodes.
La signification de "comprendre"
Ainsi, en tant que personne douloureuse, on cherche souvent plutôt à donner un sens à notre douleur. Quand on dit "je ne comprends pas", l’idée est plutôt de comprendre pourquoi et comment elle est arrivée, parfois même de donner un peu plus de prévisibilité à ses apparitions ou crises semble-t-il aléatoires. Parfois même on attend juste de trouver une logique qui l'explique.
Dans certains cas, comprendre le mécanisme de la douleur, tel que proposé par le spécialiste, répondra en effet à notre attente. Cela nous permettra de comprendre ce qui l’a déclenchée, et comment on pourra la prévenir par la suite. C’est le cas lorsque le mécanisme est linéaire, c’est-à-dire quand une cause déclenche une conséquence par une relation très prédictible.
Dans d’autres cas, souvent quand le mécanisme est moins prévisible (ex: lors de phénomènes non-linéaires comme une atteinte nerveuse, un dérèglement biologique ou une douleur chronique), on voudra aussi comprendre pourquoi la douleur est arrivée.
On cherchera ainsi à établir une logique avec les éléments de puzzle de notre vie. Le sens recherché de la douleur n’est pas mécanistique mais plutôt expérientiel. La personne donnera du sens à sa douleur comme pour établir une logique a posteriori.
Par exemple, certains philosopheront en disant :
Si j’avais pu choisir, j’aurais préféré ne pas avoir mal, mais finalement ça m’a permis d’apprendre tellement sur moi-même !
ou
Si je n’étais pas passée par ces épreuves, mon expérience ne me permettrait pas d’agir aujourd’hui tel que je le fais pour les autres et pour l’amélioration de sa prise en charge. C’est cette action qui donne du sens à ma douleur encore aujourd’hui et me permet d’avancer malgré tout.
D'autres trouveront un apaisement lors de déclics
Avec ce que j'ai vécu dans ma vie avant, je comprends mieux comment ce petit événement a déclenché autant de douleur !
Comprendre la douleur, dans quel but ?
Finalement la question pour tous, thérapeutes et particuliers, est la même :
Pourquoi voulez-vous comprendre ? Qu’entendez-vous par là ?
Le thérapeute est parfois comme le confident face à la personne qui vient de vivre une rupture sentimentale et qui ne comprend pas.
Il aurait juste envie de répondre "c'est fini et c'est comme ça !", mais ça n'est pas ce que l'on veut entendre quand on est abasourdi-e par la séparation.
Il arrive même que l'on recherche (de façon biasée) des explications qui viendront confirmer notre vision de la douleur ou...
... de la rupture.
C'est de sa faute. C'est un con !
On m'a remis le bassin en place, je comprends mieux pourquoi j'avais mal !
Et pour vous, que veux dire "comprendre" ? Est-ce que cet article résonne avec votre expérience ?
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Certains points de cet article vous parlent ou vous touchent ?
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Pour moi comprendre rime avec rassurer… en expliquant au patient, ce dernier descend son niveau de stress. Car il n’est plus dans l’inconnu, dans l’impuissance face à quelque chose qu’il ne comprend pas. Cette baisse du niveau de stress peut déjà à elle seule diminuer l’intensité de la douleur.
La plupart des patients n’aiment pas être infantilisés. En leur expliquant, en leur donnant accès au fonctionnement, on les intègre au traitement ! Ils comprennent ainsi mieux la stratégie de traitement utilisée et leur collaboration au soin est acquise. Ce qui est fondamental pour la réussite d’un soin. Par la compréhension, on peut également plus facilement leur donner accès à des outils de self-management. U.DERU