La douleur comme une drogue
Il est souvent difficile de se sortir de la drogue, difficile d’inverser la tendance. Face à la douleur, c’est parfois pareil.
Ça me fait mal au cœur de voir que si peu d’énergie est nécessaire au début de l’apparition d’un mal-être pour envisager une évolution positive satisfaisante, alors qu’une fois incrustée la problématique prend souvent une toute autre ampleur.
Comme face à un proche qui petit à petit aurait sombré dans la drogue, alors que nous avions tant de conseils pertinents à son égard depuis le début...
... la douleur, c’est souvent lorsqu’il est bien tard que la personne commence à nous demander de l’aide ou des conseils pour s’en sortir autrement.
Tomber au plus profond
Cela commence incidemment : une mauvaise rencontre, une mauvaise phase.
La stratégie mise en place est souvent la stratégie de recherche d’une libération rapide, d’un plaisir facile.
Et puis, c’est l’engrenage avec la confirmation de nos biais (ex : environnement proche hostile qui ne soutient pas alors que les autres fournissent et font pour m’aider rapidement).
Enfin, le soulagement est là, mais il est de courte durée et nécessite des doses toujours plus importantes.
Apparaissent des répercussions collatérales avec des problématiques plus importantes de santé, psycho-émotionnelles, d’attention, de concentration, de réflexion, de perte d’estime de soi, de perte de confiance, de manque de prise de recul.
Parfois on repense aux conseils de nos proches et on sent que c’est ce qu’il aurait fallu faire. Mais on n’a plus assez d’énergie ni d’envie de se battre.
Ça semble trop tard.
Parallèle avec un long vécu douloureux
Voici quelques éléments d’analogie.
Recherche d’une solution rapide, proposée par d’autres sans devoir trop s’impliquer ni s’engager à creuser ni à se rencontrer soi-même.
L’aidant qui propose une solution rapide mais qui ne permet pas de s’occuper du fond du problème : comme un pansement sur une plaie infectée. Parfois inconsciemment, il fait partie des facteurs d’aggravation de notre problématique.
Solution parfois du moindre effort. Une analogie serait de préférer prendre une pilule pour maigrir plutôt que de mettre en place une routine d’activité physique ou de prendre le temps de comprendre son alimentation.
Solutions médicamenteuses ou invasives qui parfois impliquent des conséquences collatérales dont certaines invalidantes (ex : un médicament qui parfois va soulager les symptômes mais qui peut provoquer des effets secondaires tels qu’on ne se sent pas bien et qu’on doit rester au repos et se couper de notre vie quotidienne ; intervention invasive qui va provoquer une atteinte de tissus environnants).
Rencontre des mauvaises personnes, qui vont nous convaincre de les croire et de suivre leurs prescriptions. On se retrouve dépossédé de son esprit critique et de sa capacité de décision propre. On ne me donne pas les outils ni les informations pour faire mes propres choix, mais on m’infantilise et on prend unilatéralement la décision pour moi.
Discours alarmiste et d’arguments pour nous inciter à aller dans leur sens. Sélection des informations de façon biaisée pour confirmer leur vision.
Soulagement d’être pris en charge qui parfois tourne au cauchemar, lorsque les difficultés s’accumulent et que les interlocuteurs nous lâchent (leur travail a été fait correctement et est fini).
Pistes de rétablissement
Le tableau ci-dessus est brossé volontairement de façon très négative. Malgré tout, il n'est pas si éloigné de la réalité pour certaines personnes douloureuses.
L'idée n'est pas de diaboliser toutes les approches, tous les intervenants et tous les traitements, mais bien de réaffirmer quelques principes clés dans l'approche de la douleur persistante.
- Participer activement, être responsable dans le sens de retrouver notre pouvoir de décision et d'action. Etre en cela éclairé et soutenu par des accompagnants et des professionnels de santé informés.
- Avoir une vision claire des mécanismes impliqués qui peuvent inclure des facteurs non biologiques et non tissulaires. Comprendre que plasticité et adaptabilité sont de belles sources d'espoir face à la douleur persistante.
- Identifier et jouer avec nos propres éléments de modulation de la douleur. Trouver confiance et estime de soi.
- Etablir un plan d'action, avec un objectif, des étapes, des outils. Se fixer des buts dans différents domaines de vie.
- Trouver un sens à cette expérience, et à notre vie pour nous épanouir.
Est-ce que cette analogie entre la douleur et la drogue vous parle ? Voyez-vous des similitudes dans votre cas ou ceux de personnes autour de vous ?
N'hésitez pas à partager votre réflexion en commentaire !
Les articles et nouvelles d'ABC Douleur
A travers ces articles, métaphores et histoires vécues (romancées et adaptées parfois), je vous partage des outils et réflexions sur la douleur.
Vous pouvez aussi vous inscrire pour recevoir les nouveaux articles d'ABC Douleur directement dans votre boîte mail, avec une petite note personnelle associée. 🙂
Certains points de cet article vous parlent ou vous touchent ?
N’hésitez pas à partager vos réflexions et vos expériences en commentaire.