La douleur, c’est comme une symphonie
A l'instar d'une symphonie, la douleur est complexe et multidimensionnelle. La nociception (signaux de danger) n'est pas la seule responsable de la douleur tout comme les violonistes ne représentent pas l'orchestre dans son entièreté.
Vous rappelez-vous de ce sentiment de joie et les frissons qu'elle engendre lorsque vous vous sentez totalement emporté par la musique? Lorsqu'elle vous touche au plus profond de vous-même et que plus rien n'existe autour de vous, exceptés la mélodie et ce sentiment d'invincibilité? Nous l'avons certainement tous ressenti, mais pas au même moment que nos amis, voisins, famille...
Et bien, la douleur, c'est la même chose. C'est une résultante d'un tas de phénomènes complexes qui sont propres à vous-même, vous et vous seul. En effet, nous avons tous nos préférences en terme de genre de musique, de compositeur, d'époque, d'instrument,... Si vous adorez la contrebasse depuis tout petit parce que cet instrument vous rappelle votre grand-mère qui en jouait en vous racontant des histoires, il y a de fortes chances que vous ressentiez ces frissons lors d'un solo de contrebasse. Mais votre voisine, elle, sera plus sensible au saxophone car elle en jouait petite. On aura donc des voies préférentielles de la douleur, propres à chaque individu. Ici, si la contrebasse est la nociception, la douleur sera présente chez vous mais pas chez votre voisine, pour la même "quantité".
Si chaque instrument représente un facteur potentiel de douleur, alors on sait que plus on augmente le volume de chaque instrument, plus le risque de douleur est important. Imaginons que le violon correspond au manque de sommeil, le saxophone à une mauvaise estime de soi, la contrebasse à la nociception, la flûte à la croyance que notre corps est fragile, etc... Alors un instrument, joué à son maximum comme dans un solo, pourra potentiellement déclencher ou augmenter une douleur à lui-seul. Mais cette douleur pourra aussi être déclenchée lorsque plusieurs instruments jouent en même temps à moindre intensité, comme dans un opéra par exemple.
Ainsi, la douleur n'est pas qu'une question de nociception, mais une résultante d'un grand nombre de facteurs et d'une sensibilité propre à chaque individu en fonction de ses expériences de vie.
Auteur : Jules Phalip, ostéopathe
Visuel de Austrian National Library on Unsplash
Cette création a émergée lors du projet collaboratif autour de la traduction du livre Explain Pain - Expliquer la douleur. Venez découvrir d'autres créations ici !
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