La douleur c’est comme un feu électrique
Faut-il toujours foncer tête baissée à vouloir l’éteindre rapidement avec tout et n’importe quoi ?
De même, parfois face à la douleur, ça vaut le coup de prendre son temps. Faire un bon bilan, comprendre, avant de vouloir « éteindre le feu » permet ainsi d'optimiser l’approche.
Avantages à prendre le temps
Ne pas foncer tête baissée dans le problème permet de l'analyser.
Solution rapide. Mais vraiment efficace ?
Il serait par exemple intéressant d'explorer quelques éléments.
Identifier les causes probables
Les causes probables pourraient consister en des origines biologiques et tissulaires peut-être, mais aussi des potentiels impacts de facteurs psychosociaux.
En tant que personne douloureuse, on n’a pas toujours pris conscience des facteurs déclenchants. Et cette étape d’identification peut prendre du temps.
Avoir identifié des facteurs et des mécanismes de déclenchement n’est pas la seule approche en bilan. Cependant cette approche mécanistique est souvent la plus répandue au sein des professions de soin. Elle permet de cibler un mécanisme probable et d’identifier la cible thérapeutique à prendre en charge.
Cela pourrait être un tissu, mais aussi des croyances ou des comportements inadaptés.
Comprendre les mécanismes tissulaires
Il est important de prendre le temps de comprendre les réactions de l’éventuel tissu à cibler. En effet, un nerf ne réagit pas comme un muscle. Ou encore une douleur mécanique ne se traite pas comme une douleur inflammatoire.
Elargir physiquement son analyse
Elargir son bilan aux articulations, muscles ou nerfs environnants permet de confirmer si la douleur est (ou non) linéaire : c’est-à-dire confirmer que, de façon reproductible, prévisible, le mécanisme, tissu ou facteur ciblé déclenche la douleur.
Elargir plus globalement encore
Certaines croyances, émotions ou comportements peuvent entraver notre évolution.
Ainsi au lieu d’éteindre un feu électrique avec le premier seau d’eau venu, il peut être intéressant de comprendre la combustion d’un feu électrique. Cela permet de comprendre que l’eau surajoute le risque d’électrocution, de comprendre qu’il faut « étouffer » le feu en le privant d’oxygène.
Risques à vouloir l'arrêter sans réfléchir
Face à la douleur, il y a plusieurs risques à foncer tête baissée sans analyse préalable.
- D’épuiser ses forces, son énergie et sa confiance dans des propositions thérapeutiques inappropriées,
- D’être dans l'attente d'une solution miracle, souvent venant de quelqu'un d'autre que nous. Cependant, souvent dans des douleurs persistantes, l’ensemble des symptômes et les multiples axes à cibler requièrent une participation collaborative et du temps.
En tant que personne douloureuse, on a à analyser notre vécu pour cibler d’éventuels mécanismes, à comprendre et valider les principes du traitement proposé, à mettre en œuvre les outils thérapeutiques avec patience et persévérance.
En tant que soignant on a à renouveler notre intérêt et notre recherche collaborative avec chaque nouveau patient, à proposer, guider, soutenir.
De part et d’autre il y a toujours de quoi analyser, explorer, comprendre.
- De lancer une approche thérapeutique d’envergure ou irréversible pour cibler un tissu qui semble présenter des symptômes, alors qu'il n'est même pas à leur origine.
C’est le risque dans des mécanismes non linéaires : par exemple lorsque les symptômes sont aléatoires. Ou encore c'est fréquent lors de troubles sur les trajets nerveux : on connaît le petit doigt qui brûle de douleur après un choc au coude (c’est le même nerf qui passe au coude et jusqu’à l’auriculaire). Pourtant aucun intérêt à s’occuper du petit doigt, c’est le choc au coude qui est responsable !
- Parfois à vouloir soigner la douleur chronique tête baissée, on ne fait que l’empirer, comme de l’eau sur un feu électrique.
Pour conclure, la douleur est un symptôme qui nous pousse souvent à creuser un peu plus loin, d’autant plus lorsqu’elle persiste ou devient complexe (c’est-à-dire lorsque plusieurs facteurs déclenchants s’entremêlent). Ainsi dans ces cas, la quête d’une solution miracle est souvent vaine.
Mais la récupération naît
- de la proactivité accompagnée d’un guidage compétent,
- d'une connaissance accompagnée de compréhension et de prise de conscience,
- de l’implication soutenue par la patience et la persévérance.
Est-ce que cette analogie entre le feu électrique et la douleur vous interpelle ? Comment vous touche-t-elle ?
N'hésitez pas à partager votre réflexion en commentaire !
Les articles et nouvelles d'ABC Douleur
A travers ces articles, métaphores et histoires vécues (romancées et adaptées parfois), je vous partage des outils et réflexions sur la douleur.
Vous pouvez aussi vous inscrire pour recevoir les nouveaux articles d'ABC Douleur directement dans votre boîte mail, avec une petite note personnelle associée. 🙂
Certains points de cet article vous parlent ou vous touchent ?
N’hésitez pas à partager vos réflexions et vos expériences en commentaire.