La douleur c’est comme un film d’horreur 😱
Trivialement on pourrait dire que la douleur nous rend la vie insupportable et que ça devient l’horreur. Mais je voulais plutôt proposer ici une analogie entre les vécus de ces deux expériences.
Votre premier film d’horreur
Repensez au premier film d’horreur que vous avez visionné. Peut-être était-ce avec des copains de classe, comme un petit défi que vous vous étiez posé ? Ça s’est sûrement passé en fin de journée, dans un environnement tamisé, voire dans le noir.
Vous rappelez vous alors de l’extrême sensibilité que vous aviez au moindre bruit ? Vous aviez fait valser votre bol de chips quand votre ami vous avait pincé l’orteil 😉 Et, au bruit dans la serrure, vous aviez imaginé votre fin…
… alors qu’il n’annonçait que le retour de vos parents 😂
Après cette première expérience, soit vous avez décidé de ne jamais retenter l’expérience, soit vous avez aimé ressentir cette surexcitation et ce trouble juste après le film. Vous savez que l’exaltation ne dure que quelques heures, quelques jours tout au plus. Et vous aimez renouveler l’expérience, pour le plaisir des sensations.
L’état de stress permanent dans la douleur
Parfois dans la douleur, c’est pareil : on réagit beaucoup plus facilement à tout. Le problème c’est que cet état est quasi permanent et qu’on n’a pas choisi de le vivre par plaisir !
La vie se rapproche plus de l’expérience de celui qui a mal vécu son film d’horreur. Le quotidien se déroule dans un état de stress permanent !
Les répercussions pour la personne douloureuse sont multiples, dont par exemple :
- le fait que quelque chose d’anodin fasse réagir,
- ce qui inquiétait auparavant terrorise maintenant,
- certaines images et certaines situations angoissantes tournent en boucle, parfois en cauchemar.
La difficulté est aussi pour les proches d'une personne douloureuse de comprendre ses réactions.
En effet, quelqu’un qui n’aurait pas vu le film ne comprendrait pas pourquoi nous sursautons au moindre bruit, voire trouverait bizarre ou s’énerverait de nos manières.
En plus il est difficile d’expliquer ses propres réactions.
Il faudrait que la personne vive et regarde ce film en entier. Et même là, il se peut que l'autre réagisse totalement différemment. Comme, à l'époque, le petit cousin avec qui vous aviez regardé le film qui avait eu tendance à rigoler et à jouer avec sa peur, alors que vous étiez peut-être tétanisé-e.
Les explications verbales ont parfois du mal à retranscrire les émotions vécues. Tout cela semble parfois tellement dérisoire mais on ne peut pas s’en empêcher, c'est comme d’avoir peur des monstres sous le lit.
Une autre façon de décrire cet état serait d'imaginer être face à un lion* tout au long de la journée. Imaginez le niveau de stress et de fatigue !
*selon l'analogie de Robert Sapolsky, neuroscientifique et professeur à l'universtié de Stanford
Les articles et nouvelles d'ABC Douleur
A travers ces articles et histoires vécues (romancées et adaptées parfois), je vous partage des outils et réflexions, comme cette métaphore que j'utilise parfois en séance.
Quel lien entre douleur et film d'horreur ? Pour le particulier :
Si vous êtes vous-même douloureux, peut-être qu'après cette lecture, vous comprenez mieux pourquoi votre quotidien est si harassant.
En tant qu'accompagnant, vous comprenez maintenant pourquoi votre proche douloureux restreint de plus en plus ses sorties et activités.
Quel lien entre douleur et film d'horreur ? Pour le thérapeute :
Parfois ce qui nous semble trivial et facile ne l'est pas tant que ça, même au-delà de l'incapacité fonctionnelle. Vous pouvez toujours louer un nouveau film d'horreur et vous laisser surprendre pour ressentir un peu de ce trouble et de cette nervosité après coup.
Vivre l'expérience de l'intérieur, comme pour nettoyer la douche, et apprendre à comprendre l'autre par une écoute empathique, quelles découvertes et enrichissements de la relation à l'autre !
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Certains points de cet article vous parlent ou vous touchent ?
N’hésitez pas à partager vos réflexions et vos expériences en commentaire.
Chez les patients instables, ou qui se disent instables, comme ceux présentant un PPPD persistent perceptif postural dizziness, l’analogie n’est pas le lion mais vivre en ayant l’impression de marcher en permanence sur une corniche avec le vide en dessous.
La dépense énergétique et le stress sont certainement équivalent.
Amitiés et merci pour ces moments de lecture et de réflexion
Merci Eric pour cette autre analogie très parlante aussi !
Il est vrai que c’est important pour la personne en souffrance d’avoir une analogie pour exprimer son vécu souvent invisible et impalpable.
Et c’est à mon avis tout aussi important pour les soignants d’entendre ces analogies pour mieux prendre la mesure de ce que vit l’autre.